La soupe forézienne de vin, servie froide

La soupe de vin rouge froide : voilà un "quatre-heures" qui évoque mon enfance. Lorsque je passais mes vacances dans les Monts du Forez, dans les années sixties, au moment de la fenaison et de la moisson, j'ai vu les ruraux se désaltérer et se nourrir, en milieu de chaude après-midi d'été, d'une soupe de vin rouge. Le vin avait été conservé au frais dans une cave, augmenté d'un peu d'eau du puits et abondamment sucré. Les paysans s'en servaient de pleins bols dans lesquels ils mettaient à tremper des morceaux de pain de seigle. Rafraîchissant et revigorant !
Un dimanche d'août 2010, j'assiste à la fête des Vieux Métiers dans le village forézien de Viverols. Une soupe au vin a été préparée pour les différents artisans qui font montre de leur savoir-faire. Je crois bien que la "préparatrice" y a ajouté une herbe aromatique. Avec les réfrigérateurs modernes, on n'a aucun mal à la servir fraîche.

A la seule lecture de ce titre "soupe de vin froide", c'est non pas la France, mais la Gaule qui est tout entière convoquée : on pense au nom d'une boisson exotique à ajouter à la liste des mets étranges du banquet des mercenaires de Carthage. Qui dira la puissance évocatrice des mots capable de faire vivre sur les papilles la saveur de la mie de pain dilatée par le liquide fort, frais, sucré !...